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Burundi-Education Un document traçant le cadre national de motivation des enseignants est validé
Burundi-Education
Un document traçant le cadre national de motivation des enseignants est validé
L’éducation est la clef pour la promotion des objectifs de développement durable. Elle est le tremplin pour la réalisation de la Vision 2025 et est bien mentionnée dans le Programme National de Développement 2018-2027 dans le cadre du développement du capital humain. L’étude diagnostique de la question enseignante au Burundi de novembre 2017 a mis en exergue les problèmes liés au métier d’enseignant. Parmi les grandes faiblesses signalées figure le manque de mécanismes de promotion des enseignants qui leur permettent de rester dans le métier et de se sentir valorisé tant sur le plan professionnel que sur celui des ressources. Tout ceci se trouve détaillé dans un document intitulé « Cadre National de Motivation des enseignants » du Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche Scientifique en partenariat avec l’UNESCO.
La Politique enseignante du Burundi engage le pays comme nation à garantir les bonnes conditions du métier et la promotion de tous les facteurs pouvant garantir l’attrait à la profession et réduire du même coup le phénomène d’attrition observé régulièrement. Il est bien connu qu’un enseignant qualifié, compétent et motivé est une garantie pour la réussite de ses élèves. C’est ce que nous lisons dans un document produit et validé par le ministère en charge de l’éducation nationale en partenariat avec l’UNESCO.
Toujours selon ce document, l’enseignement devrait être considéré comme une profession dont les membres assurent un service public ; cette profession exige des enseignants non seulement des connaissances approfondies et des compétences particulières, acquises et entretenues au prix d’études rigoureuses et continues, mais aussi un sens des responsabilités personnelles et collectives qu’ils assument pour l’éducation et le bien-être des élèves dont ils ont la charge. Les enseignants au Burundi étaient au nombre de 61297 en 2019 sur un effectif de 100 721 fonctionnaires et agents publics dont les salaires émanent du budget général de l’Etat. Ils représentent 60,8% de tous les fonctionnaires du Burundi. Les enseignants sont regroupés en deux catégories : les enseignants de la catégorie de collaboration et les enseignants de la catégorie de direction, selon le projet du cadre national de motivation des enseignants.
Des conditions d’exercice du métier d’enseignants
Elles devraient être de nature à favoriser au maximum l’efficacité de l’enseignement et permettre aux enseignants de se consacrer pleinement à leurs tâches professionnelles. Les enseignants burundais sont en général satisfaits d’exercer le métier d’enseignant, mais déplorent les salaires insuffisants eu égard aux efforts fournis, aux exigences du métier et conditions de travail souvent très difficiles (surcharge de travail, grandes distances à parcourir pour se rendre au travail). En effet, la charge de travail est très élevée au regard de ce qui est requis pour un enseignant et les effectifs pléthoriques d’élèves par classe ne favorisent pas l’épanouissement de l’enseignant. Les effectifs des classes devraient être de nature à permettre à l’enseignant d’accorder à chacun de ses élèves une attention particulière, en application du principe même d’individualisation de l’enseignement, si cher à la pédagogie moderne du moins selon le cadre national de motivation des enseignants. De plus, le document précise que les enseignants se plaignent du manque d’occasions de se perfectionner. Pourtant, la loi No1/28 du 23 Août 2006 portant statut général des fonctionnaires en son article 94 dispose que « l’enseignant a le droit de compléter sa formation initiale par voie de perfectionnement ». Les autorités et les enseignants devraient reconnaître l’importance d’un perfectionnement en cours d’emploi destiné à assurer une amélioration méthodique de la qualité et du contenu de l’enseignement ainsi que des techniques pédagogiques. Les perceptions sociales du métier n’encouragent pas les jeunes élèves les plus brillants à choisir des formations conduisant à cette profession. La profession d’enseignant est considérée comme une profession d’attente, une profession sans opportunités de promotion.
Motivation du personnel enseignant dans le contexte de la politique salariale en vue
Le cadre national de motivation des enseignants propose une série de recommandations pratiques pour maintenir à la fois la motivation des enseignants et la qualité des enseignements.
La première recommandation concerne la motivation financière notamment : le niveau de rémunération des enseignants devrait être adapté au coût réel de la vie car les augmentations salariales annuelles sont profondément érodées par l’inflation ; les éléments constitutifs du salaire sont clairs mais restent démotivants pour les enseignants, l’indemnité d’ajustement salarial devrait être intégrée dans le salaire de base de l’enseignant, les enseignants qui ont amélioré leurs qualifications devraient bénéficier du salaire correspondant tel que prévu par la réglementation de la fonction publique ; il est important de soutenir les institutions d’épargne et de crédits pour les enseignants en vue d’augmenter l’accès au crédit à travers les subventions pour permettre le remboursement à des taux réduits.
La volonté politique y est
Le cadre national de motivation des enseignants recommande au gouvernement, par l’intermédiaire du ministère en charge de l’Éducation devrait mettre en place un centre autonome pour garantir les normes et les standards le système éducatif burundais. Ce centre devrait être doté d’un personnel approprié et bien rémunéré afin d’améliorer le suivi des prestations des enseignants ; tout système d’éducation réussi repose fortement sur un leadership scolaire fort. En conséquence, les chefs d’établissement et les autres enseignants ayant des responsabilités variées devraient être bien formées et ce, de façon spécifique et continue.
La mise en œuvre du présent cadre de motivation des enseignants implique un partenariat du Gouvernement à tous les niveaux, les comités de gestion des écoles, les confessions religieuses œuvrant dans le domaine de l’éducation, les médias, les partenaires au développement de l’éducation et les syndicats des enseignants. Les contributions de toutes ces parties prenantes à l’éducation sont nécessaires non seulement pour consolider la stratégie mais surtout pour sa mise en œuvre effective.
Le cadre national de motivation des enseignant recommande « d’élaborer un plan de carrière des enseignants pour que les éléments essentiels du présent cadre soient consignés dans les textes réglementaires ; mettre en place l’ordre des enseignants afin d’asseoir l’éthique, la déontologie et la responsabilité dans l’exercice de leur métier. Il aura notamment pour rôle la mise en œuvre de la carrière enseignante et la détermination des critères de mérite de l’enseignant; établir une base de données du personnel enseignant ainsi qu’une cartographie scolaire afin que les compétences existantes soient connues et valorisées, organiser systématiquement une formation qualifiante pour les administratifs scolaires, les inspecteurs, les conseillers pédagogues et les concepteurs de programmes.
C’est pour la nième fois que le document revient. Il semble que l’UNESCO au Burundi joue cavalier seul dans ce domaine. A Nd■